LES LUMIERES DE FEU
¨Rhhââââââââââââ....ça y est ...ils m'ont eu...empoisonné...je suis en train de mourir.
C'est atroce.
Je n'imaginais pas qu'une telle souffrance puisse être possible.
Ce mal de tête...
Ce vertige...
Cette sensation de soif INTENSE...
Cette abominable envie d'uriner...tiens, ben j'vais y aller quand même avant de mourir, même si ça sert plus à rien maintenant vu qu'ils m'ont empoisonné...
Je vide 12 pintes...j'en bois 5 de flotte...vertige...m'assied sur les gogues...
"Oufti ! Mais c'est pas vrai ça ! Y'en a un qui dort dans les chiottes ou bien ?!?"
"Mais laissez moi mouuuuuuriiiiiiiir en paiiiiiiiiiiiiix !!!! Voyez pas que je souuuuuuuufffre ?"
Finalement, après quelques minutes ça va un peu mieux.
Mon premier diagnostic était peut-être erroné, c'est peut-être juste une bonne gueule en bois ?
Bon, ben vais finir ma "nuit".
Petit dej, toujours aussi copieux avec toujours les mêmes malades qui bouffe du poridge, cette espèce de décoction de croûtes de lépreux baignant dans du pu d'abcès scrofuleux...
"Ben kesst'a Erwan ? ça a pas l'air d'aller ?" <D se marrent mes petits camarades. <D <D <D <D
"S'cusez moi, faut qu'j'ressorte..."
Pfffff, juste à temps, encore un peu je vomissais dans la valoche de Yannick...
Rhôôôôlala ! ça va pas l'faire aujourd'hui, ça va pas l'faire...Le temps de chiotte qui remet ça, du vent , des grains et c'est presque pire à l'intérieur qu'à l'extérieur...
Nous plongeons sur le Markgraf
Un peu plus technique puisqu'il repose sur 45 m, il est de la même classe que le Kronprinz Wilhem : dans les 200 m de long.
Le SMS Markgraf est posé à l'envers sur le fond, l'épave reste à peu près en forme. Toujours équipés de scoots, Yannick et moi le ferons d'un bout à l'autre, c'est carrément vertigineux, surtout l'arrière avec les 2 safrans intacts et toujours en place, plus spectaculaires que ceux du Kronprinz. Nous croiserons un hublot ouvert sur la coque mais pas de canons, en cherchant bien, il parait qu'on peut en trouver.
Le mat de vigie est posé sur le fond, comme sur beaucoup d'épaves de navires de guerre allemands à Scapa.
Nous remontons pour constater que nos ordinateurs diffèrent un poil.
Le Mk2 me donne 4 mn, celui de Yannick aussi, mais son back up Suunto...10 mn !
Bon, ben y'a plus qu'à...
Nous finissons tout de même par sortir après avoir vu défiler tous les autres sur le bout, les uns après les autres .
En surface, nous laissons passer une averse avant que le bateau ne profite d'une éclaircie pour nous cueillir sur la vague.
A peine sommes nous sur le bateau qu'un autre grain arrive...
On déséquipe le brol et on va prendre un chaud.
Fait du bien le chaud pendant que passe le grain...
"Aaaaaaaaaaaaaaah OoooooooooooKééééééééééé"
"Qu'est-ce qu'y a Yannick ?"
"Euh rien..."
"Ben si : tu regardes ton ordi et tu dis : ah OK, quoi OK ?"
"Oh rien..."
"ben non, pas rien"
"Ben, c'est juste que je viens de voir que je l'avais laissé sur Air..."
"Mpfffffffffgrmslltkrrr...bon"
Je sors du carré boudeur. 10 mn à glander au pallier ! Bon, c'est sûr, c'est plus sécu et de toutes façons on avait qu'un Nx29, mais je suis sûr qu'il est sur air depuis le début son suunto, ça fait AU MOINS une demi heure de pallier en trop qu'on a fait depuis le début ! 'tain ch'uis véner ! Ch'uis véner ! Ch'uis vé....
Tiens ? Qu'est-ce qu'il fout lui ?
(Lui, c'est Vincent, le photographe qui sait faire des photos)
"Qu'est ce tu fous lui ?"
"Louis ? Non : Vincent"
"Euh, non : toi, qu'est-ce tu fous toi ?"
"Toit ? Non : Kalut, Vincent Kalut"
"Euh, oui , qu'est-ce que tu fous Vincent ?"
"Des photos..."
.........[boooooooooon....restons caaaaaaaaaaalme....]........
"Je vois bien, vu que t'as un appareil entre les mains, que tu le mets devant ton œil et que t'appuies sur le bouton ! J'en ai habilement déduit que tu faisais des photos....Ch'uis médecin, mais ch'uis pas con quand même !"
"Haha ! T'énerve pas Erwan, je profite de la
lumière !"
"Oui...c'est vrai que c'est plus facile quand il fait jour..."
"Non ! Tu n'y es pas ! je profite de cette
lumière EXCEPTIONNELLE !!!"
"je lis dans tes yeux de Gobi halluciné le désarroi de celui qui ne capte pas le portée de mon discours incommensurablement au delà de tes capacités intellectuelles...cette lumière, que je VOIS et que tu ne VOIS PAS est hors du commun : c'est ouné loumièré dé FEU !"
"C'est bizarre cet accent italien que tu prends subitement ?"
"Ma c'est pour qué tou saisisse mieux mon côté ARTISTE !"
"Ah ?"
"Tou comprende Erwané, chaqué loumière est OUnique ! Elle né révient yamais yamais ! disparoue pour touyours !"
"Ou peut-être espagnol ?...l'accent, je veux dire..."
"Po importé ! Bilévésées ! Balivernés !Crottés dé virousse !"
"Dé virousse ?"
"Si ! Cé qui compté cé qué cette loumière, il né faut pas la laisser passer, tou comprendé ? Il faut IMMEDIATEMENTE la capter sour la pélicoulé! Il mé faut oun souyette, n'immporté quoi...tiens ! Coro ! Pouisqué tou es là, tou po mé servire dé modélé ?"
"Mais bien sûr : mon corps est à tout le monde, c'est une œuvre d'art finement ciselée par ma douce et tendre mère et donc, à ce titre, un objet public dont toutes les femelles peuvent se servir à loisir..."
"Grazzie Mille Coro ! Mets toi là..làààààààà [ Erwan, yé vais té montrer comment, grâce à cetté LOUMIERE DE FEU , on po SOUBLIMER la médiocrité.]...très bene...maiténante Coro bougé ton corps...laaaaaa...très bene ! magnifico ! Tou es beau Coro tou es très beauuuuu ! maintenante il faudrait qué tou té dénoude oune po...laaaaaaaaaaa SOUperbé, tou es magnifico ! Tou es oun DIOS !"
"Oui, ma tendre mère me l'a souvent fait remarquer..."
"Maintenant Coro tou attrappé hector lé pétite chien et tou...
...Erwan , Erwan tu m'écoutes ?"
"Hein ? oh excuse moi Vincent, j'étais perdu dans mes pensées, je me disais que, effectivement on pourrait faire de...euh, superbes photos avec une lumière pareille !"
"Oui...sauf que c'est trop tard : elle est partie..."
Aàààààà taaaaaaaaable
Bien, entre temps, le temps s'arrange un poil.
Nous referons un blockship ensuite, le Gobernador Borries. Même conditions que le Tabarka, quasiment la même localisation mais juste avec une mer plus agitée.
Et les 20 minutes sont annoncées.
Ce coup-ci, nous partons sans les scoots. Nous les confions à Coro et manu.
Nous les plaignons beaucoup les pauvres petites choses ( les scoots, pas Coro et manu)
Séance photo cette fois ci, AVEC :
(check list)
"Appareil photo" - "check"
"Carte SD pas pleine à craquer" - "check"
"Flash et appareil chargés" -"check"
"Lentille additionnelle grand-angle" - "check"
...
"Bon, ben je crois que c'est bon alors, je saute..."
"Tu crois pas que tu devrais enfiler un bloc d'abord , On sait jamais : il pourrait faire froid..."
"Ha ! Ha ! mais oui ! Tu as raison mon Yannick ! Où avais-je la tête ?"
Et donc : pluf ! pardon : plouf !
Bien belle épave elle aussi, plus cassée que le Tabarka, beaucoup plus aplatie, mais avec encore des parties en formes dans lesquelles on peut entrer, avec tout plein de belles choses à voir :
Alors je mitraille.
Pendant que nous visitons bien sagement, d'autres font les cons en mob : salauds de jeunes !
Et Vincent voit des lumières qu'on a pas vues.
"Non mais tu as vu CES LUMIERES Erwan ?"
" Oui Vincent, Oufti ! Per la madona : des loumièré dé feu !"
"Pardon?"
"Euh, je voulais dire : des lumières de feu !"
"Dans l'eau ?"
"Ben oui, pourquoi ?"
"Non, c'est juste le qualificatif de lumières de feu dans l'eau, ça fait bizarre...et en même temps, c'est ENORME !"
"Bon, c'est pas trop grave en même temps, puisqu'elles ne reviendront jamais."
"Pas faux tu marques un point...mais tout de même, ça me chagrine cette lumière de feu dans l'eau que j'aurais loupée...je baisse, je vieillis, je perds ma vista...je suis peut-être fini qui sait ? Peut-être serait il temps de tirer un trait et de m'immoler par le feu...encore lui...de m'immoler donc, là, en un feu d'artifice terminal d'une beauté magnifiée..."
"Bon...euh, Vincent, t'emballes pas non plus, j'ai peut-être rêvé aussi ?"
"Non...non, je ne crois pas, ton esprit simple et naïf est incapable d'une construction aussi élaborée, tu fais partie de ces être frustres dont ne jaillit que la vérité...je te crois hélas...et je doute de moi..."
"M'enfin, je..."
"Va laisse moi...laisse moi à la solitude de mon génie incommensurable...il faut que je pense..."
Oh et puis merde ! Bon, j'espère qu'il va attendre qu'on soit descendus du bateau avant de tout faire péter...
"Everrrrrrything OK ?" S'enquiert Steven auprès de Vincent qui lui renvoie un regard noir.
"OK....well well well..."
T'ain...j'aurais mieux fait de la fermer ma grande gueule...faut faire attention avec les artistes, c'est susceptible.
Ah, tiens ? il se remet à prendre des photos, c'est bon signe.
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